Impulsif, Emily Kind

 Résumé 

Il n’avait plus rien à perdre. Avant elle.

Isak revient dans la ville de son enfance avec un but bien précis en tête, et rien ni personne ne l’en détournera.

Épris de justice, rebelle, impulsif, il emploie ses propres méthodes et n’a de loyauté que pour ses idéaux.

Mais ça, c’était avant de croiser la route d’Echo. La gamine qu’il a laissée derrière lui autrefois est devenue une femme dure, indépendante et en colère contre le monde entier.

Leurs retrouvailles sont houleuses, aussi brûlantes que passionnées, mais impossible pour Echo de craquer : tomber amoureuse, signifie « tomber » avant tout et ça, c’est hors de question.

D’autant qu’Isak dissimule bien des secrets, et qu’il suffirait d’une révélation pour que tout explose…

Titre : Impulsif 

Date de sortie : 09 février 2021

Format : Numérique

Pages : 600

Note : 9/10 

Mon avis 

Le moins que l'on puisse dire c'est que dès les premières lignes du roman on comprend à quel point l'histoire va être sombre, lourde et difficile à lire. Ce premier chapitre présente une ado de 14 ans, qui connaît déjà la violence, et qui doit se battre seule pour survivre. On sent sa rage, son envie de réussir à se sortir de la situation pourrie dans laquelle elle évolue. Les mots sont violents, les scènes sont dures et le lecteur prend donc de suite une grosse claque émotionnelle. Et puis dans le même temps on découvre un personnage masculin froid, qui ne présente aucune émotion, frôle clairement le sociopathe, et le contraste avec cette jeune adolescente qui elle déborde d'émotions est saisissante. Avec ce prologue on sait que l'histoire n'aura rien d'une romance classique.

Et puis on retrouve les personnages quelques années plus tard, presque 10 ans d'ailleurs sont passées depuis la scène d'ouverture du roman. Si  le personnage masculin a réussi à s'en sortir et à même monter les échelons sociaux pour avoir une vie meilleure, bien qu'il a toujours un problème de communication et d'émotions. On retrouve Echo, l'héroïne, dans un sale état. Et c'est là encore dans le contraste entre les deux personnages que se joue notre opinion de chacun. Difficile de ne pas les comparer, leurs choix ou leurs vies.

La plume de l'auteure est... Puissante. Je pense qu'il n'y a pas de meilleur mot. Le récit est lourd, l'ambiance pesante, mais cela colle parfaitement avec l'image que cherche à véhiculer l'auteure. Pourtant ce n'est pas difficile à lire, au contraire on mange les pages sans même en prendre conscience. Il n'y a pas de phrases avec de belles fioritures, le langage est fleuri, les paroles sous lourdes de sens mais encore une fois cela match à merveille avec les personnages. J'ai trouvé bien jouer de la part de l'auteure de réussir à créer un récit prenant, facile à lire, tout en laissant transparaître la rudesse de son histoire. C'est une plume écorchée, à l'image des protagonistes que l'on retrouve ici.

On oscille entre présent et passé, le tout en essayant de comprendre ce qui a pu façonner les personnages de cette façon. Pourquoi Isak est si froid, alors qu'il a eu l'air de grandir dans un foyer aimant. Pourquoi Echo est si solaire alors qu'elle n'a eu le droit qu'à la violence et la misère. On cherche à décrypter les personnages, leurs caractères et ce qui a forgé les adultes qu'ils sont devenus.

En plus de toutes les émotions nocives qui se dégage de l'intrigue, une tension sexuelle d'une violence inouïe vient frapper les personnages, en plus du lecteur, de plein fouet. Comme tout le reste du roman, cette nouvelle émotion est brute, complètement en opposition avec l'environnement des personnages. Mais pourtant elle fonctionne à merveille, venant apporter la touche de piment, de piquant au récit.

Les échanges entre les deux protagonistes sont une perpétuelle lutte, pas réellement pour savoir qui aura l'ascendant sur l'autre mais plutôt pour ne pas céder au besoin viscéral de l'autre. Écho refuse de céder le moindre centimètre, alors même que son corps hurle le désir qu'il a pour Isak. Et encore une fois cela se fait avec des paroles, des images brutes et des scènes ponctuées d'une pointe de violence. Parfois j'ai même eu l'impression de frôler les codes de la dark romance. L'ensemble ne fait qu'ajouter à l'ambiance générale du roman. Et c'est ce piquant,  cette dureté qui va complètement m'emporter.

Et puis parfois au détour d'un paragraphe une petite touche d'humour vient alléger l'ambiance et permettre au lecteur de souffler un peu. Ces passages importants pour renforcer les relations entre les personnages, servent aussi d'exutoire à toute la pression accumulée durant la lecture. C'est un peu incongru de se mettre soudainement à sourire au milieu de cette intrigue si rude, mais c'est aussi ce qui fait le charme du roman.

Au final on comprend bien vite que, ce que dégage Isak n'est rien de plus qu'animal. Qu'il s'agisse de sa façon de réagir uniquement à l'instinct et sans jamais vraiment comprendre ce que cela engendre, l'aura qu'il dégage à la fois dangereuse et brute, et son incapacité à gérer les relations humaines. On revient aux instincts de base, la survie est au cœur du roman, et c'est ce qui le rend si prenant.

En tant que lecteur on ne sort pas indemne de notre lecture, on a l'impression d'avoir été écorché par l'histoire, mis à nu par les sentiments contradictoires que l'on a pu ressentir. Et c'est en refermant le roman que l'on prend conscience d'à quel point le titre scié à merveille à l'histoire. C'est le mot parfait pour résumer toute l'intrigue : impulsif.

#Adeline